23 janvier 2023

La récession canadienne annoncée en 2023 peut-elle être évitée?


Le Canada sera-t-il confronté à une forte récession en 2023? C’est la question à laquelle Daren King, économiste à la Banque Nationale, a tenté de répondre lors de l'événement Fenêtre sur le marché immobilier, le 13 décembre 2022. En parcourant cet article, vous découvrirez les perspectives économiques canadiennes, incluant les prévisions immobilières, dévoilées lors de cette conférence organisée par l'Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) en partenariat avec Centris.


1. L’impact de l’inflation et des taux d’intérêt sur la conjoncture économique

Selon Daren King, l’inflation a connu une hausse partout à travers le monde au cours de la dernière année; une situation qui préoccupe l’ensemble des banques centrales. Rappelons que, vers la fin de l’année 2022, celle-ci avait augmenté de 8 % et que le taux directeur avait atteint 4,25 %.

Cela étant dit, les experts de la Banque Nationale croient qu’une récession peut encore être évitée, malgré de fortes probabilités. En fait, tout dépendra de la manière dont l’inflation sera contrôlée par la Banque du Canada. Ainsi, nous pourrions observer une réduction des taux d’intérêt au cours de la prochaine année, lesquels pourraient être d’environ 3 % vers le milieu de l’année 2024. Toutefois, un ralentissement semble inévitable : l’économie canadienne pourrait donc stagner au cours des mois à venir, engendrant ainsi une légère hausse du taux de chômage.

2. Les signes encourageants de la diminution de l’inflation

D’après Daren King, l’inflation canadienne a connu une diminution au cours des trois derniers mois, ce qui représente un signe positif pour la Banque du Canada qui souhaite la réduire dans la fourchette de 1 % à 3 %.

En augmentant les taux d’intérêt, la Banque du Canada a tenté d’impacter les facteurs qui touchent à la demande afin de limiter la consommation et les investissements afin de calmer l’économie. Toutefois, 50 % de l’inflation observée récemment serait attribuable à l’offre. L’assouplissement des chaînes d’approvisionnement mondiales et la diminution du prix des conteneurs devraient néanmoins apaiser l’inflation et engendrer une pause quant à la hausse des taux d’intérêt.

3. Le marché de l’emploi

Dans le contexte décrit précédemment, le ralentissement du marché de l’emploi privé s’avère être une bonne nouvelle. Ce changement diminuera la pression relative à la hausse des salaires et aura, par conséquent, un impact à plus long terme sur l’inflation. D’ailleurs, plusieurs petites et moyennes entreprises envisageraient un gel d’embauches pour les mois à venir.

Au Québec, toutefois, la pénurie de main-d’œuvre semble être là pour de bon. Véritable défi structurel, cette situation peut être attribuée au vieillissement de la population, à de nombreux départs à la retraite, au manque de travailleurs, ainsi qu’à une politique d’immigration moins agressive qu’ailleurs au pays. En outre, le taux de chômage québécois a atteint un creux record de 3,8 %, à la fin de l’année 2022, mais il pourrait connaître une légère hausse dans les mois à venir.

4. La croissance démographique

Autre facteur intéressant à considérer par rapport au marché de l’immobilier : la démographie. Selon Daren King, la croissance de la population est un véritable moteur pour l’économie canadienne et permet d’accroître le bassin d’acheteurs potentiels. À titre indicatif, la hausse record observée au cours du deuxième trimestre de l’année 2022 est comparable à celle constatée au moment où la province de Terre-Neuve a été ajoutée au Canada dans les années 1950!

À moyen et à long terme, la croissance de la population canadienne pourrait se poursuivre – principalement en raison de l’immigration – malgré une population vieillissante. Néanmoins, les prévisions québécoises seraient légèrement différentes, compte tenu de la politique d’immigration provinciale.

5. La santé financière des ménages

D’après la Banque Nationale, la pandémie de COVID-19 a encouragé les Canadiens à économiser davantage. Au Québec, le taux d’épargne avoisinait les 10 %, ce qui représente le double du reste du pays. Résultat? Les Québécois semblent avoir une meilleure épargne excédentaire que les ménages canadiens et seraient en mesure de mieux faire face au ralentissement économique. D’autre part, le ratio d’endettement des Québécois est de 156 % par rapport à 190 % pour l’ensemble du pays.

Qui plus est, les Canadiens ont profité de la pandémie pour assainir leurs finances en diminuant le solde de leurs cartes de crédit, de leurs marges de crédit hypothécaire et de leurs marges de crédit personnel; une tendance qui semble vouloir se poursuivre. Néanmoins, l’utilisation des cartes de crédit a effectué un bond important, mais près du deux tiers des consommateurs en rembourseraient le solde mensuellement.

La situation relative aux retards de paiement de 90 jours ou plus sur les prêts hypothécaires demeure également favorable. Selon Daren King, les statistiques québécoises sont passées sous la moyenne nationale depuis février 2022.

6. Les perspectives du marché immobilier

Le marché immobilier, quant à lui, a connu une forte chute vers la fin de l’année 2022, le ramenant à une situation semblable à celle observée en 2018 et en 2019; celle-ci est représentative de la moyenne historique pour l’ensemble du Canada. Selon la Banque Nationale, les données les plus récentes sont encourageantes et démontrent une certaine stabilisation.

Qui plus est, l’offre du marché immobilier – soit le nombre de nouvelles inscriptions – n’a pas augmenté de manière importante au cours des derniers mois. Acheteurs et vendeurs attendent donc de voir l’évolution des taux d’intérêt et du prix des propriétés.

Somme toute, le marché immobilier demeure favorable pour les vendeurs – malgré un ralentissement de la demande. Élément très particulier : environ 25 % des propriétaires ont annulé l’inscription de leur habitation sur le marché au cours du dernier trimestre de 2022. Autrement dit, les Canadiens peuvent attendre les meilleures conditions pour conclure une transaction immobilière.

Par ailleurs, l'augmentation du prix des propriétés et des taux d’intérêt a engendré une hausse du taux d’endettement des Canadiens. Résultat? La capacité d’emprunt des consommateurs a diminué. Selon la Banque Nationale, un acheteur sur quatre estime que son hypothèque lui coûte plus de 25 % de son revenu; une proportion qui continuera fort probablement de croître.

En ce qui concerne les perspectives de maisons neuves, Daren King affirme que les mises en chantier demeureront élevées, et ce, malgré un ralentissement économique. D’ailleurs, celui-ci croit qu’il y aura environ 200 000 nouveaux projets dans l’ensemble du Canada au cours des deux prochaines années. Ces derniers cibleront principalement les unités locatives, ainsi que les copropriétés, mais très peu de maisons unifamiliales.

Pour suivre l’évolution du marché immobilier québécois, consultez les baromètres du marché résidentiel, ainsi que les statistiques mensuelles détaillées de l’APCIQ. Vous aurez en main tous les outils nécessaires pour prendre une décision éclairée.


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